Pour Sandrine Bailly, actuellement à Anterselva avec Eurosport, la victoire d’Anaïs Bescond sur le sprint est tout sauf une surprise : « Elle tourne autour depuis un moment. Elle sait maintenant que c’est possible pour elle de gagner ! »
Sandrine Bailly, vous faites partie des observateurs du biathlon qui estiment depuis un moment déjà qu’Anaïs Bescond a toutes les capacités pour claquer un podium en coupe du monde. Vous êtes forcément ravie avec le succès de la Jurassienne à Anterselva ?
Oui bien sûr. Voir gagner Anaïs directement c’est le top ! En plus, ça faisait un moment qu’elle tournait autour, qu’elle allait bien en ski et qu’elle s’approchait régulièrement du podium. Au Grand-Bornand par exemple, il y avait un ou deux tirs à passer pour jouer la gagne… Ce beau résultat devait arriver, ça ne m’étonne pas. Elle le mérite vraiment et a bien choisi son endroit car Anterselva est un très beau site, avec beaucoup de monde et une grosse ambiance.
Et pourtant, elle ne signe pas une course parfaite avec une balle dehors !
Oui, mais c’est ça quand on va vite ! Elle peut se permettre de faire une pénalité sur un sprint. Maintenant, elle doit se dire que rentrer dans les 10 voire mieux doit être régulièrement son objectif.On était beaucoup à penser qu’elle était capable de signer une grosse performance. Mais en discutant souvent avec elle, j’ai l’impression qu’elle doutait un peu, qu’elle se sentait pas capable de gagner. Elle manque encore de confiance. Elle doit construire sa confiance sur ce genre de résultats. Ça ne peut que l’aider.
Son meilleur résultat individuel était une 4e place sur la mass-start d’Oslo l’an passé. Ça change quoi de commencer par la plus haute marche d’un podium ?
Ça met la barre tout de suite très haut et ça donne surtout envie d’y revenir. Cette première victoire sera sa référence : le premier de ses succès que je lui souhaite nombreux. Elle a franchi directement le plus gros palier. Aujourd’hui, entre une sixième place et la gagne, il n’y a plus grand chose : des détails à soigner…
Cette première victoire sera sa référence, le premier de ses succès
Du coup, elle partira devant la meute lors de la poursuite…
Ce sera nouveau pour elle : c’est un nouveau statut à apprendre, à gérer… Peu importe son résultat sur la poursuite, elle aura tout le monde derrière et devra rester dans sa bulle. C’est la compétition dans le très haut-niveau qui la fera progresser. Elle est dans le meilleur entraînement qui existe en s’élançant en tête d’une épreuve de coupe du monde. Elle doit en profiter, capter le maximum d’infos, restée concentrée au tir…
Du coup, compte-tenu de la blessure de Marie Dorin-Habert et de l’irrégularité de Marie-Laure Brunet sur les skis, pensez-vous que les journalistes français vont désormais se tourner davantage vers Anaïs en vue des Jeux olympiques ?
Oui surement, elle le sait déjà. C’est inévitable, elle doit se le mettre dans la tête. Elle sait qu’elle peut très bien faire y compris sur les Jeux olympiques ; c’est une course tellement ouverte. Mais c’est quelqu’un de très posée : elle a éteint son téléphone ce soir pour rester dans sa bulle. En une course, elle bascule dans un nouveau statut. Ce n’est pas évident car c’est un rapide changement de statut. C’est bien qu’elle gagne à 26 ans : à un moment donné, faut se lancer, même si ça fait peur… Cette victoire fait aussi du bien au groupe féminin et montre qu’il n’y a pas que Martin Fourcade en équipe de France !
Source : Nordic Magazine le 16 janvier 2014, http://www.nordicmag.info/sandrine-bailly-anais-merite-cette-victoire/
Pour Nanass succédé à Sansan quelle honneur la voie est traçée.
BRAVO…
Attention, cette victoire n’est pas une fin en soi, mais elle doit te donner la confiance nécessaire pour te dire que tu peux le faire encore.
Merci pour le plaisir que tu nous as donné.
Manu, un supporter lambda…